Lésion condylienne interne traitée par implantation de chondrocytes autologues sous une membrane de collagène...Les cellules cartilagineuses ou chondrocytes du patient ont été prélevées, mises en culture pour être "réimplantées" après multiplication sous la membrane de collagène afin de réparer la lésion au niveau du cartilage.
http://www.antennecentre.tv/site/jolimont_premi_re_m_dicale-74149-999-226.html?id_surf=
http://blog.lalouviere-dynamique.be/2013/03/3925/
Symposium d'orthopédie du 13-03-14
La régénération des lésions cartilagineuses du genou par l'implantation de chondrocytes autologues (ChondrocelectR)
à l'Hôpital de Jolimont (La Louvière) 1.
(1) Docteur Christian Quintart
Chirurgie Prothétique et Régénérative du cartilage.
Chef de service Orthopédie-Traumatologie.
Hôpital de Jolimont, 159, rue Ferrrer, La Louvière.
Le genou est fréquemment endommagé lors des activités sportives et des loisirs (1).
On estime que la prévalence des traumatismes du genou chez les adolescents avoisine les 10-25%.
Les lésions du cartilage du genou sont fréquemment observées lors d'une RMN, d'un arthroscanner ou lors d'arthroscopies. Elles entraînent régulièrement des douleurs, des limitations de la mobilité, des épanchements articulaires, des sensations de blocage qui sont responsables d'une réduction de la qualité de vie avec également des retentissements en termes de coût à charge du système de santé publique.
Si toutes ces lésions du cartilage du genou ne sont pas symptomatiques, les plus évoluées d'entre-elles vont cependant évoluer vers la dégradation et l'arthrose; dégradation précipitée par les conditions locales associées telles que des lésions ligamentaires, méniscales et troubles d'axe. Le cartilage a en effet une possibilité de réparation très limitée, essentiellement liée au fait qu'il est non vascularisé (2), rendant le processus de réparation très vite dépassé in vivo ! On estime qu'en Europe et aux USA, 130000 patients seraient candidats à une procédure de régénération du cartilage.
Diverses techniques ont vu le jour pour la réparation des lésions du cartilage du genou : microfractures avec ou sans membrane chondroinductrice, greffe ostéochondrale autologue (mosaicplasty), allogreffe ostéochondrale, greffe de chondrocytes autologues (ChondrocelectR),...
A ce jour, il n'y a cependant pas d'unanimité quant à une technique de choix mais, progressivement, les indications se précisent et la littérature nous aide. De multiples questions concernent également les "limites" de la réparation des lésions du cartilage : lésions isolées ou multiples, taille des lésions, associées à des lésions ligamentaires et/ou méniscales,...
Ces techniques ne représentent donc pas une alternative à la chirurgie prothétique du genou. Elles s'adressent à des patients jeunes, symptomatiques, pour lesquels le traitement symptomatique était habituellement la seule option thérapeutique.
L'implantation chondrocytaire autologue est la plus aboutie de ces techniques de régénération du cartilage. Elle a vu le jour il y a une vingtaine d'années (3).
Cette technique a fait l'objet de nombreuses publications internationales et, dans ce domaine, la Belgique n'est pas en reste (4,5). Son évolution et son évaluation, au cours de ces dernières années, ont permis d'en déduire des indications thérapeutiques mais également des critères de remboursement spécifiques à chaque pays et système de santé publique.
La procédure se déroule en deux étapes (6). La première est une étape arthroscopique de confirmation du diagnostic, associée à des biopsies cartilagineuses en zone non portante du genou. Ces prélèvements cartilagineux (Fig.1.) seront envoyés dans un laboratoire spécialisé pour traitement, isolement et multiplication des chondrocytes (cellules cartilagineuses). Huit à dix semaines plus tard, se déroulera la seconde étape qui consistera en l’implantation des cellules cartilagineuses multipliées (ChondrocelectR) au niveau de la perte de substance cartilagineuse (Fig.2.), sous une membrane de protection en collagène (Fig.3 et 4). Cette étape nécessite une arthrotomie, c'est-à-dire que le genou doit être "ouvert".
Parmi les critères de remboursement à l'utilisation du ChondrocelectR, nous retiendrons:
· Lésion condylienne isolée.
· Lésion cartilagineuse > 2 cm2, grade 3 ou 4 selon la classification ICRS.
· Patient de moins de 50 ans.
· Plaintes relatives à la lésion cartilagineuse ne datant pas de plus de 3 ans.
· Aucun signe d'ostéoarthrite (arthrose) avancée de l'articulation concernée.
Le chirurgien et son équipe auront suivi un entraînement adapté (7).
Le patient quant à lui aura marqué son consentement pour l'administration du traitement et bénéficiera d'une réadaptation appropriée et d'un suivi régulier.
Les patients traités par cette technique verront dans les mois qui suivent l'implantation chondrocytaire autologue, une amélioration de leur score clinique(résultats supérieurs à ceux observés avec la technique des microfractures) (4,5).
Outre l'évolution clinique, la qualité du cartilage régénéré est supérieure à celle observée dans la technique des microfractures; les techniques d'imagerie confirment cette réparation tissulaire (Fig.5).
La reconstruction des pertes de substances cartilagineuses du genou par implantation de chondrocytes autologues (ChondrocelectR) est donc une technique exigeante et dûment réglementée. Il s’agit cependant d’une des rares options thérapeutiques documentées pour la régénération cartilagineuse du genou chez des patients jeunes et symptomatiques.
Figures
Fig.1. Biopsies cartilagineuses dans leur milieu de transport
Fig.2. Lésion cartilagineuse du condyle interne
préparée pour l'implantation.
Fig.3. Ensemencement de la membrane de collagène
par les chondrocytes autologues
(ChondrocelectR)
Fig.4. Implantation de la membrane au niveau de la
lésion cartilagineuse.
Fig.5. IRM : Aspect de la réparation d'une lésion du
condyle interne à 3 mois (â).
Références
1. Louw QA, Manilall J, Grimmer KA. Epidemiology of knee injuries among adolescents: a systematic review. Br J Sports Med 2008 Jan;42(1):2-10.
2. Messner K, Maletius W. The long-term prognosis for severe damage to weight-bearing cartilage in the knee: a 14-year clinical and radiographic follow-up in 28 young athletes. Acta Orthop Scand 1996 Apr;67(2):165-8. (2) Curl WW, Krome J, Gordon ES, Rushing J, Smith BP, Poehling GG. Cartilage injuries: a review of 31,516 knee arthroscopies. Arthroscopy 1997 Aug;13(4):456-60.
3. Brittberg M, Lindahl A, Nilsson A, Ohlsson C, Isaksson O, Peterson L. Treatment of deep cartilage defects in the knee with autologous chondrocyte transplantation. N Engl J Med. 1994;331:889-895.
4. Saris DB, Vanlauwe J, Victor J, et al. Characterized chondrocyte implantation results in better structural repair when treating symptom- atic cartilage defects of the knee in a randomized controlled trial versus microfracture. Am J Sports Med. 2008; 36(2):235-246.
5. J Vanlauwe, DBF Saris, J Victor, KF Almqvist, J Bellemans, FP Luyten, Five-Year Outcome of Characterized Chondrocyte Implantation Versus Microfracture for Symptomatic Cartilage Defects of the Knee Early Treatment Matters. The American journal of sports medicine 2011; 39 (12), 2566-2574
6. http://www.antennecentre.tv/site/jolimont_premi_re_m_dicale-74149-999-226.html?id_surf=
7. http://www.tigenix.com/en/page/59/cartilage-expert-centers